mercredi 17 septembre 2008

J4 Castel de Vergio - Bergerie de Vallone

13 août 2008
Départ 7h30, arrivée 16h30-17h
Dénivelé +760m / -720m
Environ 6h de marche

Un petit déjeuner aussi frugal que d'habitude, même s'il y a des croissants. Nous partons un peu en retard, dans notre groupe tout va bien, mais dans celui avec qui nous avons partagé le gîte, par contre, les choses se gâtent: plusieurs malades, qui avec de la fièvre, qui avec des besoins pressants incontrôlables, bref le genre de désagrément dont on se passerait bien sur le GR 20. Sachant que nous avons tous mangé, bu et dormi au même endroit depuis le début, cela n'augure rien de bon! Ah, tiens, un malade dans mon groupe aussi, il a l'air bien pâle. Espérons que l'épidémie s'arrête là, parce que franchement, marcher toute la journée sans pouvoir s'alimenter et en cherchant les buissons et autres coins pipis à chaque détour de chemin, c'est pas la joie!

Aujourd'hui nous pénétrons dans le massif volcanique de la Grande Barrière, changement de décor, nous nous rapprochons des plus hauts sommets de l'île. Retour dans l'univers minéral.
C'est une étape plus physique que la précédente, qui commence par une grande montée, longue et régulière: nous grimpons à 2000m pour passer juste en dessous du Tafunatu et de la Paglia Orba.

Nous remontons la haute vallée du Golo, le fleuve le plus long de Corse, sur les dalles en longeant la rivière au début, ensuite sur un chemin en creux de vallée puis à flanc de montagne.


Fâcheuse tendance à passer à côté des plus belles piscines en dehors des heures de baignade autorisées:



Nous passons la bergerie de Radule, improbable au milieu des rochers et des dalles. Comme souvent, une construction en pierre sèche. Une vache rachitique dans les parages, mais pas de moutons à proximité immédiate. Le terrain est pentu, quasi exclusivement rocailleux. Curieux endroit pour une bergerie... En fait il y a des pentes herbeuses un peu plus loin.

Capu Tafunatu, avec son trou creusé par la colère du diable, et sa grande soeur la Paglia Orba, à droite, en roche rouge


En allant gaiement vers la pause café-goûter qui nous attend au refuge de Ciottolu a i Mori

Et toujours au loin la mer:


Au loin le lac de Calaccucia, vue sur la vallée du Niolu


Un long pique-nique baignade pour les courageux et un petit passage rafraîchissant en forêt plus tard, nous arrivons à la bergerie de Ballone.

A la bergerie comme à la bergerie: aujourd'hui il a fait très chaud, alors à l'arrivée on commence par étancher la soif! Eau gazeuse, coca et bière corse à volonté, ou peu s'en faut.

Ensuite on passe à l'activité installation: distribution des tentes, distribution des matelas en mousse (ouuuiiii des vrais matelas!), même un drap. Je ne vois pas bien ou on va aller avec, par contre: à par de maigres lambeaux de terre, il n'y a que des dalles rocheuses ici! Nous grimpons un peu, toujours le même tableau. Euh... 15 bonnes minutes plus tard, nous avons enfin trouvé un emplacement à peu près plat, quelques bonnes dizaines de mètres plus haut.

Qu'à cela ne tienne: ce soir nous dormirons en banlieue, et on sera d'autant plus tranquilles, parce que plus bas, il y a du monde, du genre qui picole un peu plus tard que la moyenne et qui fait du bruit. Bon, avant de mettre la tente, on va virer un peu les bouses séchées histoire de pas mettre les pieds dedans en pleine nuit, tu préfères pas?

Heureusement qu'après tout ça la tente est vite dépliée, hop hop, 1 seconde! On l'attache un peu quand même hein, parce sinon elle va s'envoler dès qu'on aura le dos tourné... plantage de sardines sans huile en terrain sec. Mouais, autant ramener les pierres pour les coincer, ça sera plus simple. Couchage enfin installé, nous profitons des derniers rayons de soleil pour aller faire trempette à la rivière! Bien plus jolie et limpide que celle où nous avions passé 2h autour du déjeuner, à mon avis. Mais brrrr c'est pas chaud. La douche est remplacée par le bain tout aussi froid.

Dîner sympa, pâtes à volonté et service sympa, on rigole bien et pour un rien: belle ambiance à notre table. A l'autre, ça discute sérieux entraînement, compétitions de course à pied et blessures de guerre. Nous on picole notre pichet de rouge et on essaie de comprendre le hongrois.

Et une bonne nuit sous les étoiles (il faudrait rester éveillé au-delà de 21h30 pour les voir, mais c'est encore pas le bon soir)... au milieu des bouses, mais de nuit c'est mieux on les voit pas.


Bilan jour 4:
- le sac allégé, c'est top!
- aujourd'hui je pète la forme, je ne suis pratiquement jamais à traîner derrière. Il y a même des gens qui souffrent plus que moi dans la montée, et pas seulement le malade, eheheh....
- depuis ce jour, je sais marcher avec des bâtons! alors forcément, je trotte plus allègrement.
- la Quechua 2 secondes c'est bien, sans vent c'est mieux! elle va pas s'écrouler dis? moi je dis, heureusement qu'on ne doit pas la replier demain aux aurores...
- il y a plein de malades ici, demain on s'en va! on est cernés: ils arrivent du nord, du sud, non non non la gastro ne passera pas par moi (espère chacun d'entre nous)

vendredi 12 septembre 2008

J3 Bergeries de Vaccaghja - Castel de Vergio

12 août 2008
Départ 7h30, arrivée 17h30
Dénivelé + 500m / - 700m
Temps de marche 6h15 (avec les détours)

Démarrage en douceur: après une bonne nuit réparatrice sur de vrais matelas de princesse dans les tentes, le petit déjeuner à la lumière du jour en admirant les montagnes en face. Dommage pour le pain toujours aussi blanc, toujours aussi dur! "A la bergerie comme à la bergerie". On imagine facilement que le pain doit être livré à dos de mules et le boulanger n'est pas à côté. Je tente un petit déjeuner vaguement plus consistant qu'hier: grand bol de chocolat chaud, avec biscottes en prime.

Nous assistons au lâcher des chèvres qui ont passé la nuit dans l'enclos: le berger à cheval va les disperser un peu plus loin que les tentes. Il vaut mieux éviter de se trouver sur le chemin! Nous laissons le chien fugueur attaché ici en espérant que quelqu'un lui montrera le chemin du retour.


En route pour l'étape des vacances, les vraies! Un joli lac nous attend pas très loin, pas trop de montée en principe, aucun passage raide dans les rochers au programme, ni même une traversée de pierrier... vous reprendrez bien une ration de montée-descente?

Le GR part en suivant les courbes de niveau, qu'à cela ne tienne, nous coupons par une variante en commençant par monter pour arriver au lac par au-dessus, ça sera tellement plus joli...

Nous passons les ruines d'une ancienne bergerie et rapidement débouchons sur une petite crête. En effet la vue est magnifique. Le lac de Nino (1760m) au loin miroite sous le ciel bleu, dans un écrin herbeux d'un vert flamboyant. D'en haut on voit bien les pozzines: ces trous creusés dans la tourbe, signe d'un lac qui meurt sur ses bords. C'est un terrain très fragile, il faut éviter de fouler les bords du lac et rester impérativement sur le sentier. Et là, comme si c'était programmé, trois chevaux apparaissent qui se promènent. Pas plus sauvages que les cochons croisés l'autre jour, probablement mais l'illusion est là. Le paysage vaut le détour!


Après le lac nous remontons, toujours en pente douce jusqu'à un col. Nous y déposons les sacs pour monter à un sommet tout proche: Capu a Tozzu (2007m), afin d'y admirer un panorama circulaire. Petite montée rapide dans les gros blocs pour ne pas perdre le pied... Mais cela vaut le petit détour: la vue est là encore éblouissante

Au loin les sommets de Capu Tafunatu (2335m) et la Paglia Orba (2525m). Demain, nous passerons juste en dessous.


Au loin la mer... (et au premier plan, un pied qui traîne...)


Et derrière nous le lac de Nino... (on voit nettement les bords voie d'assèchement)


Je passerais la journée à regarder le paysage, nous y déballons le goûter mais on ne s'attarde plus longtemps. Le vent souffle là-haut, il fait frisquet. Nous redescendons pour retrouver les sacs et poursuivre notre chemin vers le gîte de Vergio: une belle trotte encore. Pique-nique en chemin, au premier espace à l'ombre que l'on trouve, assez tard. Tu parles d'une journée vacances, je suis déjà fatiguée à la mi-journée, on paie le départ tardif et je souffre un peu de la chaleur.... Il reste un bon bout de chemin en balcon à parcourir, en partie en forêt (vive l'ombre et la fraîcheur!).



Le gîte d'étape de Castel de Vergio (1440m) se trouve dans l'une des rares petites stations de ski encore en activité dans le massif corse. Pas très joli, en bord de route, avec vue sur les téléskis. On s'arrête devant un panneau et on se marre: d'après le schéma des pistes, il y en a deux avec une étrange particularité - elles ont toutes les couleurs à la fois! Le début est une piste verte, puis, sans échappatoire possible, on débouche sur un passage piste rouge, pour finir par un bout de piste verte... les débutants n'ont qu'à apprendre vite! (c'est trop bête, j'ai oublié de faire la photo)

Ambiance de vague retour à la civilisation: décrassage, lessive, téléphone, nouvelles du monde. Et apéro en terrasse avec un vraie pression bien fraîche! Inutile de dire qu'on se précipite en premier lieu sous les douches CHAUDES (seule fois de la semaine). Même si on dormira à 8 dans un dortoir, ce soir c'est la vie de château! En plus, on nous a amené les sacs d'assistance: linge de rechange, l'alternative à la lessive. Royal.

Excellent dîner pour finir cette belle journée, avec entre autres des raviolis au brocciu et à la menthe dont on se régale, dîner un peu arrosé qui suscitera même quelques confidences.

Bilan Jour 3:
- Le fromage corse c'est un régal... mais il ne faut pas en abuser!
- la douche chaude ça nettoie mieux, bien mieux, y'a pas à dire
- je dors toujours comme un bébé, heureusement: je récupère bien d'un jour à l'autre
- même pas d'ampoules, et pas de douleurs sous les pieds comme ça m'était arrivé au dernier trek

jeudi 11 septembre 2008

J2 Pietra Piana - Bergeries de Vaccaghja

11 Août 2008.
Départ 6h30, arrivée vers 17h
Dénivelé +765 m / -800m
Temps de marche environ 6h30.

Reveil 5h30. L'une a déjà des sales ampoules, les deux autres jouent aux infirmières à grand renfort de compeed et d'elastoplaste. Moi je garde ma stratégie: tartinage de crème anti-frottements matin et soir et après chaque baignade, la crème NOK qui me fait des pieds doux comme ceux d'un bébé.

Avec tout ça, on se pointe quinze bonnes minutes en retard au petit déjeuner, fixé à 6h dans la cuisine du refuge. Ambiance chuchotements et lampe frontale. Les autres ont presque fini, ça débarrasse et ça fait la vaisselle. Tout le monde est bien rôdé je vois, on se fait gronder. Je prétexte le manque de coordination pour s'habiller à trois sous la tente, et puis on aidait quelqu'un à panser ses bobos, c'était pas une panne d'oreiller! En plus j'ose dire que j'ai bien dormi, je crois bien que je suis la seule cette nuit-là. Euh, j'ai pas conscience d'avoir opté pour le stage commando, vous me laissez prendre mon petit déj. quand même?! Le petit déj est avalé en moins de 10 min, tartinage de biscottes et vaisselle comprise. Vive les vacances!

Nous nous mettons en route à 6h30 avec les premières lueurs du jour. On commence par monter doucement, avec une laine polaire sur le dos. Les montagnes au lever du soleil sont magnifiques mais la lumière est difficile à traduire en photo...

Au terme de cette première montée, nous arrivons sur une crête qui surplombe le lac de Rinosu. Nous entrons dans un univers essentiellement minéral.




Vous voyez la Brèche de Capitello (2225m) sur la photo ci-dessous?
Si si, à gauche des petites dents pointues, les 4 incisives et les 3 molaires... c'est tout droit par là... Une longue approche pour se faire à l'idée...


Premier passage exposé: un sentier étroit en bord de falaise (je me cogne bêtement à un surplomb avec le vide derrière, rien de grave, mais il faudrait peut-être intégrer le gabarit du sac dans les manoeuvres!) Puis ça grimpe raide avec les mains et les pieds... premier passage d'escalade dans un goulet. Mais qu'est-ce-que j'ai donc fourré dans mon sac pour qu'il soit si lourd, moi? Je passe derrière la guide pour éviter de traîner trop loin derrière.


Ah tiens, aujourd'hui on est 13: l'un des chiens du gardien du refuge de Pietra Piana a décidé de faire la route avec nous. Au bout d'un moment, on se demande quand même jusqu'où il va nous suivre... mais c'est un chien corse: il est entraîné, il connaît ces chemins, lui! La canaille tentera même de repasser en tête dans la dernière montée vers la brèche, en se faufilant entre nos jambes... Je n'avais pas idée qu'un chien pouvait monter des trucs pareils.

Un fois la Brèche franchie, on aperçoit les lacs de Capitello et Melo en contrebas (le second est 150m plus bas que le premier). Nous n'y descendons pas, mais nous pouvons les admirer d'en haut. Destination populaire en randonnées à la journnée car accessibles assez facilement depuis un parking: souvent beaucoup de monde.


S'en suit le début d'une looooongue descente en guise de préalable au pique-nique... il fait déjà chaud, 13h environ. Je fatigue ou j'ai la fringale, je me laisse distancer et je descends à mon rythme dans les pierriers. Au début on croit toujours qu'on se fait moins mal aux genoux en descendant lentement, ça n'est pas forcément le cas car les appuis sont plus lourds...

Bref, après avoir passé une petite source, nous (enfin, les autres, d'abord!) arrivons au point d'eau visé: petite mare boueuse, pas trop envie de tremper les pieds, mais il y a de l'ombre! Je ne repère pas tout de suite le chemin, j'ai mal aux jambes à force de descendre, la chaleur ou la fringale, bref j'arrive quasi à quatre pattes et bonne dernière! Heureusement, on m'a attendue pour entamer le déjeuner :-) Pique-nique en tongs pour reposer les petons. Bobby le chien fait la pause avec nous puis s'amuse à faire peur à une vache qui traîne par là; il finira nos restes de salade de riz puis nous suivra jusqu'au soir. Petite sieste digestive puisque nous avons fait le plus dur de l'étape.

Puis on reprend la descente, la pente et le terrain s'adoucissent. Le refuge de Manganu (1600m) est vite atteint dans l'après-midi: à nouveau une pause boisson-baignade. Accueil sympathique, le refuge semble bien géré. Nous allons dormir un peu plus loin, sous tentes aux bergeries de Vaccaghja (1621m). Face à un plateau d'un vert éclatant, une bâtisse en pierre sèche et un gros troupeau de chèvre, que le berger trait à la main. Il les rentre dans leur enclos la nuit, ça évite qu'elles viennent nous brouter nous affaires. Bobby le chien passe la nuit en laisse, repos forcé, il a l'air épuisé (comme nous quoi). On se demande bien comment il va retourner chez son maître à Pietra Piana!

Rituel du soir: douche (potentiellement chaude, mais froide pour moi), étirements, soin des pieds, étendre le linge à sécher. J'ai pris des coups de soleil sur les bras et même les mains. Un très bon dîner (gigot-haricots, avec fromage et charcuterie comme il se doit, mais où sont les sucres lents? naaaan le pain blanc et dur ça ne compte pas! cela dit, le fromage de chèvre local affiné dans son bain d'huile d'olive est excellent... Euh, mais demain pour le pique-nique on préférerait quand même un autre...). Et une bonne liqueur de myrthe pour bien dormir. Ici il y a des matelas moelleux c'est le bonheur... Si seulement ils pouvaient installer des toilettes aussi, ça nous éviterait d'aller nous perdre dans les rochers au milieu de la nuit...

"Demain c'est les vacances", il paraît: grasse matinée pour un petit déj à 7h, et la journée sera plus facile. Mouais, à voir...

Bilan jour 2:
- je suis définitivement une sportive du dimanche, ça ne fait pas le poids face aux marathoniens, triathlète, cycliste et autres coureurs! Heureusement que la guide régule l'allure, ça m'évite de passer la moitié de la journée toute seule.
- j'ai deux-trois trucs inutiles qui pèsent dans mon sac, pfff.
- quelques courbatures mais ça passe dans la nuit
- je dors toujours comme un bébé dans mes plumes

mercredi 10 septembre 2008

Jour J! Canaglia - Pietra Piana

10 août 2008.
Départ à pied 10h, arrivée vers 17h30.
Dénivelé +1200m
Environ 5h30 de marche



Jour J! Je commençais sérieusement à avoir des fourmis aux pieds à force de passer mes journées dans les transports à roues et à moteurs. Les deux petites heures de marche d'hier n'ont fait qu'aggraver les choses, je trépigne d'impatience.

Rayons de soleil au réveil au col de Vizzavona. Après le grain et le brouillard d'hier soir, c'est un beau matin ensoleillé! Je vois partir un couple de traileurs super affûtés qui courent sur le GR dès qu'ils peuvent (ils m'expliquent qu'ils sont partis en groupe depuis le sud, mais ne sont plus que deux à continuer sur la partie nord). La dame m'explique qu'ils le font "tranquille", gagnant environ 1/3 de temps sur un bon marcheur à chaque étape: "on court sur les parties roulantes seulement". J'imagine. Y-a-t-il beaucoup de parties roulantes sur le nord? j'en doute un peu. A chacun son challenge... Pour moi c'est départ cool puisque le car parti d'Ajaccio avec le gros du groupe doit passer me prendre vers 9h au col de Vizzavona. Petit déjeuner tranquille devant la télé, comme le dîner d'hier.

Pour autant, le jour J commence par l'attente du bus... Je suis devant le gîte, personne à 9h, personne à 9h15. Une 4x4 s'arrête pour prendre mon sac d'assistance. Je constate à ce moment-là seulement qu'il y a trois autres personnes qui attendent ici comme moi, ils étaient resté devant l'entre de l'hôtel. Ils ont à déjà fait le GR 20 Sud et m'ont l'air bien en forme! Dommage que je ne les aie pas repérés avant, on aurait pu faire connaissance. Enfin le car arrive, près d'une trentaine de personnes à bord! En fait il y a deux groupes qui partent en même temps, une accompagnatrice pour chacun. On s'arrête encore prendre deux femmes en chemin puis le car nous dépose à proximité de l'hôpital de Tattone, inquiétante bâtisse de béton isolée au milieu de la forêt. Cela nous permettra de sauter la première étape.

Les présentations sont remises à plus tard, il faut se mettre en route: il est déjà 10h. Répartition des groupes puis des pique-niques dans les sacs, et c'est parti!

On rejoint le hameau de Canaglia (700m) par un petit sentier: il y a là une fontaine pour faire le plein d'eau (la journée s'annonce chaude), ainsi qu'un bar avec des toilettes de l'autre côté de la route. E. tente de les utiliser et se fait gronder par la patronne: "Non mais, on dit bonjour d'abord!!!". Elle tente de l'adoucir: "excusez-moi, bonjour madame, au revoir madame je savais pas que c'était chez vous!" mais ce sont les toilettes du bar, pas question de les laisser utiliser par 30 randonneurs qui ne consomment même pas. Bon, ça se comprend.

On poursuit par un petit tronçon de route avant d'emprunter un large chemin en bord de rivière, le Manganellu. Il y a de jolies vasques pour se baigner, l'eau est magnifique mais nous ne pouvons pas nous arrêter déjà. Nous accélérons pour doubler les groupes de marcheurs-baigneurs à la journée, parfois en sandales ou tongs.

Arrêt au niveau de la passerelle de Tolla et de la jonction avec le GR 20 pour le goûter. Rencontre avec une famille de "cochons sauvages". C'est en réalité un abus de langage de les nommer ainsi: ce sont des animaux d'élevage lâchés en liberté dans la forêt en été, ils rejoignent leur porcherie pour l'hiver. D'où la saveur de la charcuterie corse ;-). Pas commodes comme bestiaux quand même, et surtout voraces: attention aux sacs! C'est le seul moment du séjour où nous en croiserons. Passage aux bergeries de Tolla (1011m) peu après: on recharge en eau à la source (peu de débit).

On poursuit la montée, toujours en longeant la rivière. Pique-nique au bord de l'eau et trempage de pieds. Notre guide C. sort une surprise de son sac: le réchaud et la popotte pour faire le café! Sympa. L'après-midi la montée se poursuit en bord de rivière, avant de traverser un pierrier où nous croisons un berger qui remonte à sa bergerie à cheval. Nous arrivons enfin au refuge de Pietra Piana (1842m), situé sur un plateau herbeux. Ce soir c'est camping dans les tentes qui en principe n'attendent que nous - mais où sont-elles, tiens?

Une belle grande montée pour une première journée! Du refuge, le panorama est magnifique mais le vent souffle et il fait froid. Douche froide sur chaire de poule (même froide ça fait du bien, si si). Refuge bien organisé, plusieurs points d'eau et pas trop de queue (sauf pour la vaisselle en fin de repas!). Le gardien est un personnage, il fait son show et ses deux chiens aussi. Au menu: charcuterie, lentilles-riz-saucisses (on cherche toujours le petit salé dont on nous avaient vanté l'odeur...).


Trois filles sous la tente. On entend tout, il y du vent. Je me débrouille pour ne pas dormir au milieu vu que je bouge tout le temps. Malgré les bouchons dans les oreilles, j'entends les voisins de derrière qui font trop de bruit à 22h alors que notre réveil sonnera à l'heure indécente de 5h30: je les engueule, ils se calment. Matelas en mousse, fins et troués, j'ai un gros caillou sur les fesses mais fatiguée comme je suis, je dors extraordinairement bien.

Bilan de cette première journée:
- ça part assez vite! Bon, il faut dire que la dernière fois que j'ai marché 6 heures, ça doit bien remonter à 2 ans...
- marcher en groupe avec un guide, c'est pas pareil que tout seul ou avec un ami...
- Le groupe a l'air chouette, pas prise de tête.
- Il faudrait que j'apprenne à marcher avec les bâtons, parce que pour l'instant je les promène!
- j'ai un gros sac ou c'est une impression?

NB: les temps de marche effective sont approximatifs, en excluant les pauses goûter, déjeuner, trempette etc.

dimanche 7 septembre 2008

J-1, Transfert Calenzana - Col de Vizzavona

Un périple en soi: bus, train, correspondance train, stop pour finir! Heureusement ça s'est passé sous le soleil et dans une relative bonne humeur...

Comme prévu réveil avec le lever du jour (6h15) pour prendre le bus de transfert de l'autre groupe à 7h20. En plus c'est gratuit! (renseignement pris, le taxi pour le même trajet c'était 40 euros...). Bizarre de se trouver au milieu de ce groupe qui se connaît bien au moment des adieux. Arrivée à la gare, achat du billet (27 euros pour près de quatre heures d'autorail antique!). La machine est d'époque... Une véritable pièce de musée qui crache de la fumée noire. Rustique, dirons-nous. Un café au bar du coin, retirer un peu de liquide. Je quitte un peu la civilisation ce jour et pour une semaine.


Mieux vaut s'assurer une place assise dans le bolide... Nous entassons une montagne de sacs à l'entrée d'un des deux wagons et le train démarre. Tout un poème, ce tramway de la Balagne. On avance au rythme des touristes, en longeant la baie de Calvi pour commencer, en arrière des plages. Jolies vues. Il fait chaud derrière les vitres du train. Je discute un peu avec un père de famille qui emmène sa femme et leur fils d'une dizaine d'années sur le GR20 Sud. La partie plus accessible, moins technique. Bon courage à eux. Ils partent avec une petite tente pour 2, en comptant à moitié sur des places en refuge. Ils ont l'air bien équipés, ça devrait bien se passer. Quelques touristes qui font Calvi - Ile Rousse (note pour plus tard: venir à l'Ile Rousse, jamais vu, on voit une jolie plage en passant, Algajola peut-être). Contraste avec les marcheurs. On distingue d'un coup d'oeil les marcheurs des plagistes.

Puis le train quitte la côte pour pénétrer dans l'arrière-pays montagneux. Tunnels et courbes dans le maquis. Il fait chaud, soleil de plomb. Soudain, on aperçoit un terrain de golf au milieu du maquis. En voilà un drôle d'idée. J'espère que l'eau manque moins qu'il n'y paraît dans le coin! Et puis les vaches... les vaches corses aussi aiment regarder passer les trains! Et bien, les vaches corses, tout pareil! Sauf qu'elle aiment aussi stationner sur la voie. J'ai oublié de dire qu'il n'y en a qu'une; heureusement aucun croisement de train n'est prévu. Il faut klaxonner longuement à l'entrée des tunnels pour être sur que nos amies aient dégagé le terrain. On s'arrête, on repart. Ma parole, les vaches corses sont sportives, elles dévalent les ravins et grimpent de belles pentes. Nous traversons des vallons déserts, nous passons même une gare abandonnée. Puis le viaduc construit par Eiffel il ya 150 ans.

Changement de train à Ponte Leccia, c'est la cohue, forcément: les trains sont pleins à ras-bord. A l'Ile Rousse, le train a d'ailleurs été doublé par un car. Le train pour Ajaccio c'est bien là? oui oui, laissez descendre, nous voulons des places assises (comme dans le métro à Paris, le soleil en plus et les attaché-case en moins!) Je me retrouve assise (ça c'est bien) au milieu d'un groupe de jeunes ados du Nord en vacances. Après quelques jours à la mer, ils partent à la montagne à Corte. De pitrerie en pitrerie, le temps passe vite... "Madame, vous voulez pas lui mettre une claque il m'a insulté, je peux pas je suis trop loin" et l'autre de persister à essayer de téléphoner depuis le milieu du maquis, tout ça pour quoi? pour savoir qui était sorti et resté dans une émission de télé-réalité dont le nom m'échappe. Eh ben. La montagne leur fera du bien :-)

Enfin, l'arrivée à Vizzavona, une vraie gare au milieu de nulle part, au coeur d'une magnifique forêt. Cette gare dessert-elle autre chose que le GR20? 3-4 maisons: deux gîtes, deux bars-restos. Je dois monter au col quelques km plus haut pour rejoindre le gîte où je passerai la nuit. Monter par la route sur le bitume avec sac à dos plus sac d'assistance: pas envie du tout. Par chance, une commerciale portant le nom de l'hôtel attenant s'arrête pour décharger des marchandises à la gare. Il m'emmène volontiers, ils ont l'habitude. Enfin, arrivée au gîte Monte d'Oro à 13h passées. Je m'installe dans la partie "refuge": de grandes banquettes prévues pour 3, mais en fait je suis toute seule, c'est comme un grand lit et c'est tranquille.

Dejeuner rapide en terrasse (pas panoramique du tout, mais sur la route nationale par contre) puis une courte ballade de mise en jambes le long de la Cascade des Anglais, une rivière creusant de nombreuses vasques comme on en voit plusieurs en Corse. Beaucoup de monde et peu d'eau, en montant c'est un peu mieux. Mais ce n'est plus l'heure de monter au Monte d'Oro. Le temps se couvre, je décide de redescendre vers 16h et je fais une petite sieste. Averse et brouillard quand je me réveille. Hum. Le temps s'est en effet vite rafraîchit. Fera-t-il beau demain pour le grand départ?

samedi 6 septembre 2008

J-2, Arrivée en Corse

Départ en voiture très matinal de Florence vers 5h45, afin d'arriver à l'embarquement à Livourne avant 7h30, qui est donné comme heure limite. De quoi se mettre dans l'ambiance de la semaine à venir! L'avantage c'est qu'à cette heure-là, c'est à dire au point du jour, ça roule bien... A 8h soit une heure avant le départ prévu, on me fait signer de rentrer dans la cale. Les joies de l'embarquement au mois d'août: le jeu consiste à entasser autant de voitures que possible sur les 5 ou 6 ponts disponibles à cet effet (je lirais plus tard dans Corse-Matin que Corsica Ferries aurait placé des voitures dans la quille le week-end du 15 août?!). Il faut manoeuvrer, et vite s'il vous plaît, puis rapidement sortir du véhicule avant qu'un autre vienne se placer à 10cm et ne condamne la portière. Je manque d'oublier mes phares allumés, après avoir noté que c'est arrivé à la voiture adjacente, heureusement j'arrive à me contorsionner tant bien que mal pour tourner la manette! Quelle cohue, on va s'amuser à l'arrivée.

J'aime l'impression de liberté et de détachement absolu que donne le départ du bateau: tous les soucis restent à terre alors qu'on s'éloigne du rivage. Belle traversée, calme, je dors un bon moment sur un banc du pont, à l'air frais. Les cheveux au vent, il y a du soleil, il ne fait pas froid. Je pique-nique sur le pont pour déjeuner.

Quatre heures plus tard, on s'approche lentement de la côte qu'on voit de loin, on longe le cap Corse, on passe tout près de la Citadelle de Bastia puis on récupère le pilote qui fait la manoeuvre pour entrer dans le port en marche arrière. La cohue prévue est au rendez-vous, ma voiture se trouve sur le pont le plus elevé, nous sortons bons derniers. Arrivée à 14h30, sortie du bateau trois quarts d'heure plus tard au bas mot. Bien. Ce fut long, mais on y est! Il fait une chaleur torride, grand beau, vive la Corse!

Direction la nationale pour rejoindre Calvi puis Calenzana. C'est le village de départ du mythique GR 20, ce sera mon point d'arrivée dans une semaine. J'ai prévu d'y dormir ce soir et d'y garer la voiture. Gros bouchon sur la route de Calvi. Moi qui voulais arriver là-bas sans traîner pour aller faire un saut sur la plage, je me dis que ce sera difficile. Des pompiers sont en alterte à plusieurs points stratégiques à proximité de la forêt: en effet c'est un jour de grand vent. Tout ce que je parviens à faire pour voir la mer c'est de manger une glace industrielle à proximité de la marine de Sant'Ambroggio. Il y a mieux... décidément, j'ai perdu mes repères! Il suffisait de pousser un peu plus loin pour arriver à la pointe rocheuse!

Je suis au gîte de Calenzana peu avant 18h. Gîte municipal, refait, propre et calme, mais sans aucune âme. Pas super accueillent. Il y a une petite maison d'information sur le Parc Naturel (utile surtout pour ceux qui auraient oublié leur carte?). Un peu de monde, notamment un groupe qui vient de finir l'intégralité du GR 20 du sud au nord. Randonnée avec portage quotidien par mulets: les marcheurs ne portaient que le sac à la journée... facile... avec mon groupe nous n'aurons accès à un sac d'assistance que les deux fois où nous dormirons dans un gîte à proximité d'une route.

Je discute un peu, trois d'entre eux sont mes compagnons de dortoir, dont leur guide. Je glâne des bribes de renseignements: fait-il froid la nuit là-haut? Comment me rendre à la gare de Calvi le lendemain pour prendre le train qui me mènera à mon point de départ, Vizzavona? Je refile des tomates superflues venues d'Italie à une tablée d'Allemands tout contents (les fruits et légumes frais sont rares dans les repas de randonneurs...).

Il y a deux catégories de personnes ici: les bronzés, affûtés, zen et bienheureux d'avoir réussi leur périple, et puis les visages pâles préoccupés et affairés, quelques kilos en trop dans le sac et pas seulement, qui s'apprêtent à partir sur le chemin.

Puis je m'adonne au rituel de veille de départ: faire et refaire le sac (et son jumeau, le sac d'assistance). Je répète l'opération une paire de fois, comme il se doit... trop lourd, pas assez complet, mal rangé, etc etc. Ranger son sac est le passe-temps préféré du randonneur pour occuper ses soirées, c'est bien connu!

Finalement, le guide du groupe me tire d'affaire en me proposant d'essayer de me descendre à Calvi dès le lendemain matin afin de prendre le train de 8h25 comme eux. La première navette publique n'est qu'en début d'après-midi, il y a un train à 15h aussi, mais que ferais-je ici alors que tout le monde se lèvera tôt? Espérons que le chauffeur de bus ne verra pas d'inconvénient à avoir une passagère clandestine en plus.

Après avoir vérifié une dernière fois le sac, dodo à 22h puisque j'essaierai de partir à 7h. Inutile de changer de rythme à ce stade. Un peu nerveuse et réveillée par les autres qui rentrent en fin de soirée, mais mes bouchons dans les oreilles ont raison des ronfleurs. Par contre, les alèses en plastique, quelle horreur: l'impression de dormir dans une piscine... et en plus ça fait du bruit quand on bouge...